Amour à la plage
Coup de soleil, coup de foudre
Sexes ensablés.

Depuis les cinquante dernières années, de My Secret Garden de Nancy Friday et le Rapport Hite en passant par l’étude Joyal-Cossette-Lapierre (dont je vous ai parlé dans une autre goutte) jusqu’à Nos désirs de Gilian Anderson, faire l’amour sur une plage est toujours dans le top 3 des fantasmes féminins.

Vous me connaissez: je suis une casseuse de party killjoy. Je vais donc vous expliquer pourquoi l’amour à la plage, ce n’est aussi hot qu’on serait tentée de le croire. Attachez votre tuque, j’en ai long à dire sur le sujet (je sais, c’est surprenant en querisse).
Premier mythe : faire l’amour sur la plage est incroyablement romantique
Dans notre imagination, on entend le bruit des vagues, sous un ciel teinté de rose – le paroxysme du romantisme.
La réalité :
Il est rare d’être seul au moment du coucher du soleil, et encore moins de se retrouver sur une plage déserte. La plupart du temps, c’est justement au coucher du soleil que de nombreux touristes font une promenade décontractée après le dîner. Et même si vous trouvez un endroit où vous n’êtes pas dérangé, des moustiques, des puces de sable et des piqûres qui démangent vous attendent déjà et peuvent contrecarrer l’aventure sexuelle sur la plage – car le monde animal aime autant le crépuscule que nous.
Le fait est que lorsqu’on baise sur la plage, il faut se dépêcher pour ne pas se faire prendre. On a à peine le temps de s’embrasser et au lieu de se regarder dans les yeux, on regarde à gauche et à droite, paniqué, pour voir si quelqu’un ne va pas passer. Si l’on s’allonge directement sur le rivage – en imaginant que le corps est doucement enveloppé par des vagues chaudes – le sable s’engouffre dans toutes les ouvertures, l’eau salée dans les yeux et il fait froid en plus. Au lieu de faire l’amour sous le ciel étoilé, il s’agit plutôt d’une entrée-sortie rapide avec la panique dans le cou. Ceux qui l’ont vécu autrement peuvent s’estimer heureux…
Deuxième mythe : l’interdiction de faire l’amour sur la plage est une source d’excitation
La peur d’être surpris·en train de faire l’amour est un shoot d’adrénaline et d’endorphines. Toujours sur le qui-vive, tomber l’un sur l’autre devient encore plus excitant et restera certainement à jamais gravé dans les mémoires.
La réalité :
Le sexe sur la plage ou en public est interdit pas mal partout, sauf peut-être dans les tout-inclus libertins – et encore, on parle alors de plage privée. Se faire prendre (et je sais de quoi je parle) est tout simplement humiliant. Ça peut aussi être lourd de conséquences dans certains cas. Dans certains pays, vous pouvez recevoir une amende, voire même vous retrouver en taule. Voici ce que j’ai pu trouver sur les interwebs : Dans pays de vacances, le sexe sur la plage devrait peut-être rester un simple cocktail…
- Espagne : Amende possible jusqu’à 75.000 €.
- Grèce et Italie : théoriquement jusqu’à deux ans d’emprisonnement
- Thaïlande : amende et interdiction de retour sur le territoire
- Égypte et Dubaï : S’embrasser en public peut entraîner une peine de prison, alors imaginez ce qui se passera si on vous intercepte en plein coït…
- Malaisie : les corps nus sont tabous en public. La peine encourue est juqu’à vingt ans d’emprisonnement et de bastonnade (!!!). En ce qui me concerne, c’est suffisant pour me convaincre de ne jamais mettre les pieds dans ce pays.
- Au Canada et en Scandinavie, on peut s’en tirer avec un avertissement. Sauf que… voulez-vous vraiment vous ébattre dans l’eau glacée? Les plages sont superbes en Gaspésie, mais franchement, les roches dans le dos… en tout cas, je me comprends.
Troisième mythe : le sexe à la plage, c’est si spontané
Après une longue promenade sur la plage, on se tombe spontanément dans les bras de l’un·e et de l’autre, dans un élan irrépressible de passion.
La réalité :
Le sexe sur la plage nécessite une bonne préparation pour espérer avoir un chance de réussite.
Il faut tout d’abord choisir le lieu avec soin. L’idéal est une baie entourée de rochers ou une plage avec des chaises longues ou des chaises de plage qui offrent une protection visuelle. Ou alors, installez simplement votre propre tente de plage. Les préservatifs sont aussi indispensables si vous prévoyez avec une relation avec quelqu’un qui n’est pas fluid bonded avec vous. Oh, et ça vous prend une surface de jeu, genre une couverture épaisse ou une bâche en plastique. Sans cela, le sexe sur le sable n’a rien d’excitant – surtout de nuit quand le sable est souvent humide et froid et colle fortement à la peau. En outre, il faut faire attention à ne pas se prendre le sable dans les yeux et les oreilles. Même les plus petits grains dans le vagin ont l’effet du papier de verre et peuvent y provoquer des frottements vraiment désagréables ou endommager le préservatif.
Quatrième mythe : le sexe à la plage, c’est la sensualité à l’état pur.
Le temps est doux, bercé par le bruit des vagues. Le sable chaud, fin comme de la poudre, ruisselle sur vos corps comme une caresse pendant que vous vous enlacez dans un élan de passion.
La réalité :
La plupart du temps, la plage à votre disposition sera comme celles de la Gaspésie susnommée : faites de pierres et de galets. Une serviette risque de ne pas suffir; il faudra vous munir d’un tapis de sol vraiment épais pour vous allonger confortablement et amortir les mouvements les plus vigoureux.
Si vous prévoyez de faire l’amour sur la plage au milieu de la journée, sachez que la chaleur sera peut-être désagréable. Lorsque le soleil de midi tape sur la tête et la peau, vous risquez non seulement d’attraper un vilain coup de soleil, mais aussi de transformer le sable (ou les galets) en plaque chauffante. Vous allez devoir adopter des positions sexuelles qui permettent le moins de contact possible entre le corps et le sable – comme par exemple la levrette ou debout. C’est pour cela que trouver quelque chose sur quoi vous appuyer (un mur, un rocher ou une chaise de plage), sinon cela peut vite devenir inconfortable. Dans ces conditions, même une petite vite risque d’être épuisant.
Cinquième mythe : faire l’amour dans la mer est sans danger
Le sexe dans la mer, c’est merveilleux !L’idée de l’eau enveloppante sur nos corps brûlants de passion, la sensation d’apesanteur… c’est le pied.
La réalité :
La mer n’est pas votre amie. Elle est l’amie de personne et perso, j’aime mieux ne pas la fréquenter.
En cas de fortes vagues, mieux vaut ne pas entrer dans l’eau. Si vous êtes distraits par vos ébats torrides, vous pouvez rapidement dériver du rivage ou des courants forts peuvent vous faire perdre pied. Pensez aussi à l’état de votre cadavre qui échouera sur la grève suite à votre noyade… ça va jaser, c’est certain.
Ensuite, il y a la contraception, si votre relation est hétérosexuelle – et non, l’eau salée ne tue pas les spermatozoïdes. Malheureusement, les préservatifs sont inutilisables dans l’eau. Ils peuvent glisser ou devenir poreux. Point positif: si du sperme se retrouve dans l’eau sans que vous ayez eu de rapports vaginaux, une grossesse est peu probable.
Comme le chantait Renaud : «La mer c’est dégueulasse, les poissons baisent dedans». Or, il n’y a pas que des poissons, mais aussi des bactéries. Les rapports sexuels dans l’eau comportent donc toujours un risque d’infection, car des germes peuvent pénétrer dans le vagin. Les personnes munies d’un vagin qui sont sujettes aux mycoses devraient notamment être prudentes. Sans parler des fucking méduses, qui peuvent également perturber les ébats amoureux dans la mer. Certes, le contact avec une méduse de feu n’est pas toujours dangereux, mais il est très douloureux.
Ce n’est pas tout, il y a aussi le problème de la lubrification. On pourrait penser que dans l’eau, tout glisse automatiquement l’un dans l’autre. C’est faux ! L’eau est certes humide, mais ce n’est pas un lubrifiant ! C’est même le contraire : l’eau élimine l’humidité vaginale, ce qui peut entraîner des frottements désagréables.
Bon, j’ai réussi à vous décourager? Non? Pas même un tout petit peu? Alors allez-y, allez vous amuser sur la plage et ayez une pensée pour mes conseils à la con si tout ce passe bien. Vous pouvez même partager vos expériences en commentaires, juste pour me faire mentir !

À demain pour un autre tercet obscène.
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