Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Sept-cent-cinquante-neuvième goutte

Passé mes études
Assise au fond de la classe
À penser au cul. 

Hey ! Ça vous dirait, une anecdote masturbatoire estudiantine? En voici une tirée de Perdre haleine.

Extrait:

[…]mais l’objet envers lequel j’ai l’attachement érotique et sentimental le plus fort est un stylo feutre affectueusement nommé monsieur Bleubleu, je venais d’avoir dix-huit ans lorsqu’il est entré dans ma vie (et dans mes muqueuses), j’étais alors obsédée par mon prof de philo, je guettais son arrivée au cégep chaque matin, je monopolisais ses heures de bureau, je buvais chacune de ses paroles et je riais comme une idiote à toutes ses mauvaises blagues, bref, j’étais pâmée comme une vraie midinette et un jour, ce fameux professeur s’est pointé en classe avec monsieur Bleubleu – c’est comme ça qu’il nous l’a présenté —, c’était un gros feutre à tableau et chaque fois qu’il voulait l’utiliser il nous disait en rigolant « demandons à monsieur Bleubleu de nous épeler ce mot difficile » et ce surnom enfantin, ajouté au caractère éminemment phallique de l’objet, me faisait littéralement craquer, parce que j’adorais voir mon prof ultrasexy manier monsieur Bleubleu de sa main forte et robuste, le voir l’empoigner virilement pour le faire glisser sur le tableau vierge, ah la la juste à y repenser je mouille, alors quand quelques cours plus tard il est arrivé en classe avec monsieur Bleubleu dans la poche avant de son jean, créant près de sa braguette une protubérance des plus suggestives, ma cervelle a flanché et pendant tout le cours je l’ai regardé secouer son engin, le faire aller et venir sur le blanc immaculé, le porter à sa bouche, même, maille gode tout cela était beaucoup trop pour moi, je m’en mordais les lèvres d’excitation si bien que, les nerfs à vif, j’ai profité de la pause pour chaparder monsieur Bleubleu avec l’intention confuse de le conserver comme un souvenir ou comme une sainte relique, je me suis faufilée discrètement hors de la classe pour aller me réfugier dans les toilettes où je me suis installée dans la première cabine disponible pour contempler mon butin et, le rouge au front et les sens en feu, j’ai baissé mon jeans et ma petite culotte, j’ai étendu mes jambes autant que je pouvais et j’ai commencé à faire glisser monsieur Bleubleu dans ma petite intimité, le dos appuyé contre le réservoir de la chasse d’eau pour faciliter ma besogne (et la sienne) et ce fut une sacrée réussite parce qu’il m’a baisée comme un chef, j’en tremblais de félicité, heureusement pour moi il s’est abstenu d’éjaculer son sperme indigo à la fin de la noce et lorsque j’ai joui tout mon saoul, lorsque mon crime fut accompli, je me suis demandé ce que j’allais faire de monsieur Bleubleu, parce que je ne pouvais certainement pas le rendre innocemment à son propriétaire en lui disant que je m’étais bien amusée avec lui dans l’espoir qu’il le porte encore à sa bouche, alors après avoir longuement réfléchi à ce dilemme aux conséquences morales gravissimes, j’ai décidé tout bonnement de le garder et depuis, monsieur Bleubleu visite régulièrement les toilettes publiques en ma compagnie, car si son encre s’est tarie depuis longtemps, je le garde quand même amoureusement tout contre mon coeur et mon appareil génital, c’est le compagnon le plus fidèle qu’une femme de lettres puisse imaginer[…]

À demain pour un autre tercet obscène.

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