Vie après la mort 
Intense et terrifiant
Orgasme éternel. 

Je suis rigoureusement athée, mais de ce que j’ai pu en lire (et entendre), le cerveau semble avoir un mécanisme de défense pour rendre la mort tolérable, voire agréable. Les expériences de mort imminentes telles qu’elles ont été décrites par celleux qui les ont vécues ont plusieurs points en commun, comme la sensation de flotter au-dessus de son propre corps, être attiré·e par une lumière réconfortante et un sentiment d’apaisement et de bien-être.

L’expérience de mort imminente qui me fascine le plus est celle de l’écrivain Somerset Maugham. Il l’a racontée au réalisateur Garson Kanin, qui la décrit dans les mémoires de son ami, Remembering Mr. Maugham (1966). À l’âge de 80 ans, Maugham a subi une opération dans un hôpital suisse. Voici comment il a décrit ce qui s’est passé (dans ma traduction très approximative):

« Cela a pu durer une heure ou un siècle. La lumière a commencé à changer. À ma grande surprise, elle n’est pas devenue plus sombre, mais plus claire ! Elle est devenue irisée, aveuglante. Je sentais mon pouls… s’estomper et les battements de mon cœur ralentir, et pourtant la lumière augmentait en intensité – et puis, et puis le sentiment le plus exquis de libération s’est installé. Cela ressemblait beaucoup à un… orgasme prolongé… un grand orgasme final, un abandon de tout l’être, du corps, de l’esprit, de tout. Je savais que la fin était arrivée et je me souviens d’avoir été reconnaissant à la nature d’avoir rendu cette expérience si agréable. Cela ne me dérange pas du tout, ai-je pensé. Une demi-heure dans le fauteuil d’un… dentiste, c’est bien pire. J’ai passé un bon moment et, dans l’ensemble, ce fut une expérience des plus gratifiantes. Puis quelque chose m’a dit de me laisser aller, j’ai souri, je me suis laissé aller et… je suis mort. […] Maintenant que je savais ce qu’était la mort, je ne devais plus la craindre».

Le romancier est mort, souriant et en paix en 1965, à l’âge de 91 ans.

À demain pour un autre tercet obscène.

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