Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Sept-cent-quarante-cinquième goutte

On dirait que les
Photos de notre weekend
Sont de Nan Goldin.  

Les photographies de l’Américaine Nan Goldin (née en 1953) sont comme les pages d’un journal intime, partageant à la fois l’intimité des relations ordinaires, l’isolement de l’abus et l’abandon joyeux d’être avec des amis. Elle a exposé ses œuvres dans son loft et dans des boîtes de nuit et des bars de New York à la fin des années 1970 et dans les années 1980, où le public était composé principalement des sujets de ses œuvres, des amants et des amis.

La majeure partie de sa carrière a également été définie par l’activisme au sein de sa communauté : d’abord, à la fin des années 1980, autour de la crise du sida, puis, à partir de 2017, autour de la crise des opioïdes, comme le montre le documentaire biographique All the Beauty and the Bloodshed (2022) de Laura Poitras (que je vous recommande fortement d’aller voir).

Nan Goldin, Twisting at my birthday party, New York, 1980, (extrait de The Ballad of Sexual Dependency)

L’une des pièces maîtresses de l’œuvre de Goldin est The Ballad of Sexual Dependency (La ballade de la dépendance sexuelle), un diaporama qui se compose d’environ 700 photographies en couleur d’elle-même et de ses amis, datant approximativement de 1979 à 2004. Plus que de la photographie, il s’agit d’une installation où les diapositives défilent rapidement dans le projecteur tandis que la musique est diffusée. Parmi les images les plus poignantes figure un autoportrait, Nan One Month After Being Battered (1984), dans lequel l’artiste fixe deux yeux meurtris, dont l’un est injecté de sang. The Ballad of Sexual Dependency documente également des fragments de vie de nombreux amis de Goldin qui ont perdu la vie lors de l’épidémie de sida, notamment l’artiste David Wojnarowicz et l’actrice et écrivaine Cookie Mueller.

Nan Goldin, Nan One Month After Being Battered, New York, 1984, (extrait de The Ballad of Sexual Dependency)

Le réalisme intense des photographies de Nan Goldin – et leur accumulation dans des diaporamas, des livres et des films – introduit une narration franche et captivante. On a l’impression, comme l’a dit un jour l’artiste, que « l’appareil photo fait autant partie de ma vie quotidienne que le fait de parler, de manger ou de faire l’amour »; ses photographies en fait capturent ces trois activités. Souvent éclairées de façon criarde par un flash soudain, les images de Goldin offrent un contraste saisissant avec celles d’autres photographes émergents du New York des années 1980, qui se sont fait connaître par des compositions posées et conceptuelles.

Nan Goldin, Self-portrait with Brian having sex, New York, 1983, (extrait de The Ballad of Sexual Dependency)

À demain pour un autre tercet obscène.

Si l’envie vous prend d’appuyer financièrement ce projet, n’hésitez surtout pas à le faire!

Vous désabonner

Participez à la discussion !

En savoir plus sur Mille gouttes opalines

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture