Avant de gésir
Provoque en moi le désir
Et fais-moi gémir.

Si c’est la première fois que vous entendez le mot «gésir», c’est parce qu’il est un verbe défectif, qui n’est utilisé qu’à l’indicatif présent, l’indicatif imparfait, au participe présent et à l’infinitif. Gésir, qui signifie «être couché», est uniquement employé pour les personnes mortes, dans l’expression « ci-gît » qui elle vous est certainement familières. Gisant, le participe présent, désigne quand il est employé comme un nom masculin une statue funéraire représentant la personne défunte étendue.
Ouf ! Vous ne trouvez pas ça fascinant ? Les verbes défectifs, ça m’excite terriblement, ça me donne presque envie de me toucher.
Si vous êtes comme moi obsédée textuelle, j’ai une suggestion de lecture pour vous: la Grammaire érotique de Jacques Laurin, qui depuis 2018 est occupé à gésir au cimetière.

La particularité de cette grammaire se trouve dans les exemples que Laurin emploi pour illustrer ses propos. Je vous refile un extrait; vous allez voir, c’est très instructif.
Un R ou deux ? Mourir et nourir
Voici un truc que j’ai appris d’un excellent professeur de français plein d’humour. Je suis sûr qu’il mourrait de rire en voyant cette grammaire de son ancien élève.
On ne meurt qu’une fois, donc mourir ne prend qu’un seul r à l’infinitif à tous les temps, sauf au futuer et au conditionnel. Nourrir prend toujours deux r: on se nourrit plusieurs fois.
Ah! Que tu me torturais bien! C’était bon! J’ai joui comme si je mourais ! (Pierre Louÿs)
Quelles sources d’indicibles jouissances dans cet organe de la parole… c’est à en mourir ! (Droz)
Le ventre plat: un bijou bien nourri; bien ouvert, les lèvres souples, longues, délicieusement parfumées (Jean Bruyère)
Ok, là il faut sérieusement que j’aille me branler. On se revoit demain mes chéri·es!

À demain pour un autre tercet obscène.
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