Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Sept-cent-vingt-septième goutte

On m’appelle « aiguille »
Car les messieurs ont du mal
À bien m’enfiler. 

Qui est la sainte-nitouche, quand fut-elle canonisée et quelle est la date de son anniversaire? Il n’y a aucune réponse à cette question, Nitouche n’étant même pas un prénom féminin porté par quiconque au cours de l’histoire.

On qualifie de sainte-nitouche une femme pudibonde qui sous des airs angéliques, cache des mœurs légères. Comme la dame surnommée aiguille de mon senryū. Semble-t-il que la locution est apparue pour la première fois dans le chapitre XXVII du Gargantua de François Rabelais, en 1534, sous la forme de «Saincte Nytouche». Selon le lexicologue Alain Rey, la Sainte-Nitouche est la reformulation de la phrase: «Sainte qui n’y touche pas».

Le terme décrit donc une certaine forme d’hypocrisie supposément féminine qui fait qu’une personne contrefait la modestie la dévotion religieuse, qui affecte des airs d’innocence et de pruderie, alors qu’elle est en réalité dévergondée, voire débauchée. La question qu’on doit se poser est la suivante: dans des sociétés extrêmement patriarcales où la sexualité féminine est strictement contrôlée, où toute atteinte à la vertu et tout soupçon d’accroc à la droiture morale peut entraîner la déchéance sociale d’une femme, peut-on être autre chose qu’une sainte-nitouche?

Probablement pas.

À demain pour un autre tercet obscène.

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