Un bukkake qui
N’arrive qu’à m’humecter
C’est très décevant.     

Le bukkake est un acte sexuel où plusieurs participants éjaculent sur une ou un participant·e sur le visage ou sur le corps. Il s’agit d’un trope fréquemment représenté dans la pornographie hétérosexuelle (et dans une moindre mesure, dans la pornographie gay). Le mot bukkake (ぶっかけ) signifie tout simplement «arroser» et est souvent utilisé en japonais pour décrire le fait de verser un liquide avec suffisamment d’élan pour provoquer des éclaboussures ou des débordements. Fait cocasse: le bukkake est aussi un plat dans lequel du bouillon chaud est versé sur des nouilles, comme dans le bukkake udon et le bukkake soba.

La question qu’on peut se poser, c’est pourquoi les hommes sont-ils si excités à la vue de leurs congénères qui éjaculent sur une femme à la queue-leu-leu?

Pour la psychologue judiciaire Karen Franklin, le bukkake est un viol collectif symbolique. Son objectif principal est l’humiliation, la dégradation et la réification des femmes. L’éjaculation dans le bukkake ferait partie d’un rituel d’humiliation, surtout que la personne qui joue le rôle du réceptacle du sperme n’éprouve pas d’orgasme. L’éducatrice sexuelle Tristan Taormino a quant à elle comparé le bukkake à un «circle jerk gay», notant l’incohérence entre le fait qu’il soit présenté comme une pratique hétérosexuelle et le fait qu’il mette en scène un groupe d’hommes nus se tenant à proximité les uns des autres et se masturbant ensemble. Ce serait pour les amateurs du genre d’explorer leurs fantasmes gay sans avoir à assumer leurs goûts et attirances.

Bien que j’adhère à ces interprétations, j’aimerais suggérer une autre piste: ces messieurs sont fascinés par leur pénis et par le sperme, qui est la conséquence de leur plaisir. Lorsqu’ils voient une femme qui reçoit autant de sperme sur leur corps, c’est comme si elle leur disait qu’elle accepte leur plaisir et qu’elle le prend comme une marque d’appréciation. Comme si elle recevait un cadeau de leur part. Comme quand votre chat vient déposer à vos pieds une souris égorgée, en quelque sorte (Je peux me tromper, par contre, han.)