Je hurle à la lune
Et m’égare dans la nuit
Un sexe à mes trousses.

Sur le thème du senryū du jour, voici un texte extrait de mes archives qui date de 2007.

D’abord, la promenade
François s’effondra sur le parquet en hurlant. Sa peau se couvrit de poils drus et fuligineux, ses membres s’étirèrent et ses mains, comme ses pieds, se recroquevillèrent, percés de griffes acérés. Ses traits se convulsèrent, craquèrent, s’étirèrent pour former un museau sanguinolent, une gueule d’où émergèrent des crocs nacrés. La pleine lune, qui baignait le salon de sa lumière crayeuse, avait transformé l’homme en bête.
Les hurlements tirèrent Sophie de son sommeil, qui accourut en se frottant les yeux.
— Ah non, pas déjà? Je croyais que c’était plus tard dans le mois… dit-elle en replaçant la bretelle droite de sa nuisette.
François bomba le dos et montra les crocs en grognant. Sophie attrapa le magazine de mode qui traînait sur le comptoir, le roula puis frappa de toutes ses forces son museau en lui disant, sur un ton sec et réprobateur:
— Méchant chien!
Le mari-garou cacha son visage entre ses pattes et se mit à gémir. Sa femme se dirigea en soupirant vers le placard, l’ouvrit et maugréa:
— Saloperie de cours d’obéissance inutiles… je devrais me faire rembourser… mais où ai-je bien pu fourrer la laisse et le collier?
Alors qu’elle s’était accroupie pour fouiller, sa tenue de nuit relevée révéla la lune ronde et fendue de son arrière-train. En pantelant, François s’approcha et glissa sa truffe froide et humide dans cette cible si invitante.
— Hé! Bas les pattes! cria Sophie en se retournant.
Elle attrapa le magazine et frappa de nouveau le museau de son mari. Alors que François gémit une faible protestation, Sophie attacha le collier autour de son cou.
— Tu connais la règle, dit-elle en lorgnant la pine érigée de la bête. D’abord, la promenade. Ensuite, et seulement ensuite, tu pourras enfouir ton os.

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