Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Six-cent-soixante-sixième goutte

Une gueule d’ange
Avec les goûts foutatifs
De Satan lui-même.

Quelle est la signification du nombre de la bête, 666? Bart Ehrman, le spécialiste de la Bible le plus sympathique du monde, nous l’explique dans un article de 2015. Voici ma mauvaise traduction de large extraits de la chose.

Dans le chapitre 13 du livre de l’Apocalypse, nous trouvons une description d’une bête qui sort de la mer. Elle a dix cornes et plusieurs têtes. L’une de ses têtes reçoit une blessure mortelle qui est ensuite guérie. Le monde entier suit cette bête, qui a le pouvoir du dragon (c’est-à-dire, celui du diable, 12:9). La bête fait la guerre aux saints et les conquiert (13:7). Elle a le pouvoir sur toutes les nations de la terre (13:7-8), exploitant économiquement les nations du monde (13:17) et exigeant d’être adorée (13:15). L’auteur conclut sa description de cet ennemi mortel de Dieu par une dernière marque d’identification, donnée à ceux «qui ont de l’intelligence». Le nombre de la bête est 666 (13:18).

Au fil des ans, les interprètes ont avancé de nombreuses hypothèses pour expliquer ce chiffre. La plupart de ces interprètes se sont attachés à montrer que la bête avait finalement surgi à leur époque. Ces interprétations sont rarement présentées comme des conjectures, bien sûr, mais presque toujours avec la confiance de ceux qui ont le «scoop». Au cours des dernières décennies, par exemple, des prédicateurs chrétiens, des télévangélistes et des auteurs ont proposé des candidats aussi séduisants et divers qu’Adolf Hitler, Mussolini, l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger et le pape Paul VI. Plus récemment, nous avons vu des interprétations qui considéraient que le numéro faisait référence à Saddam Hussein ou à un autre personnage à l’horizon politique qui pourrait sembler être l’incarnation du mal.

Cependant, l’auteur de l’Apocalypse écrivait pour son époque, et non pour le vingt-et-unième siècle, et il avait peut-être quelque chose de spécifique à l’esprit. Il n’est peut-être pas inutile de parler de l’art ancien de l’interprétation connu sous le nom de gématrie. Les anciens systèmes numéraux utilisaient les lettres de l’alphabet; les nombres étaient écrits à l’aide de lettres, de sorte que, inversement, toute combinaison de lettres donnait un total numérique. Toute personne connaissant la gématrie aurait compris ce que l’auteur voulait dire en affirmant que le nombre de la bête était 666. Il indique qu’il s’agit de la valeur numérique du nom de la personne. Pour ajouter un élément intéressant à la question, je dois signaler que certains des anciens manuscrits grecs du livre de l’Apocalypse donnent un nombre différent pour la bête. Dans ces documents, il s’agit de 616 et non de 666.

Comment comprendre tout cela ? La bête est décrite comme l’ennemi de Dieu qui contrôle le monde, exploite son peuple et tue les saints. Étant donné les similitudes avec l’autre bête, celle du chapitre 17, il n’est peut-être pas exagéré de supposer qu’il s’agit là encore d’une image de l’empire romain. Si c’est le cas, les têtes seraient vraisemblablement les dirigeants de l’empire, dont certains exigent d’être adorés (comme le faisaient d’ailleurs certains empereurs). L’une de ces têtes a été mortellement blessée, puis guérie. Qu’est-ce que cela signifie ? Les historiens connaissent depuis longtemps un groupe d’anciens livres juifs appelés les Oracles de Sybille, qui prédisent que l’un des empereurs romains les plus détestés, Néron, reviendra d’entre les morts pour faire des ravages sur la terre – comme quelqu’un qui se remet d’une blessure qui lui a infligé la mort. Cette croyance populaire pourrait avoir un rapport avec le nombre de la bête. Il convient de rappeler que Néron était considéré comme l’ennemi juré des chrétiens, qu’il a impitoyablement et injustement persécutés pour avoir incendié la ville de Rome. Aurait-il pu être la bête décrite dans Apocalypse 13?

Il est curieux de constater que l’épellation du nom «César Néron» en lettres hébraïques donne un total numérique de 666. Plus intrigant encore, le nom peut être épelé d’une autre manière, sans le «n» final, «Nero(n)». Le «n» vaut 50 dans le système numérique hébraïque. Lorsque l’on utilise cette autre orthographe, le nom s’élève à 616.

L’auteur de l’Apocalypse ne faisait pas référence à Hitler, à Mussolini, à Saddam ou à n’importe qui d’autre dans les temps modernes. Son ennemi était Rome et ses Césars. C’était Rome qui avait dominé les autres nations de la terre, exploité leurs populations indigènes et opprimé le peuple de Dieu; c’était l’empereur romain qui était vénéré comme divin, qui persécutait les chrétiens et les mettait parfois à mort. Ce livre raconte comment Dieu va renverser cet empereur et son empire à la fin des temps (voir surtout les chapitres 18-19) avant de récompenser ses saints en leur donnant le royaume dans de nouveaux cieux et sur une nouvelle terre (chapitres 20-22).

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