J’ai déjà trouvé
Du plaisir dans l’écriture
Du bonheur, jamais.

J’exagère un peu. Je trouve généralement du plaisir dans l’écriture, mais rarement du bonheur.
Le bonheur est un état de pleine satisfaction et il est bien rare que je sois satisfaite de ce que j’écris. Je me consacre à cette activité depuis plus de vingt-cinq ans et je peux compter sur les doigts d’une seule main les fois où je me suis relue et que je me suis dit: «bon boulot». En fait, je suis pathologiquement incapable de juger de la valeur de mes propres œuvres. Chaque fois que je publie quelque chose, je le fais en croisant les doigts et en espérant que je ne vais pas me couvrir de ridicule.

Du plaisir, par contre… ça j’en ai très souvent. D’abord dans sens sens premier, de sensation et d’émotion agréable, mais aussi dans celui de stimulation érotique. J’adore quand il me vient en tête un concept et que j’arrive à faire correspondre la forme et le fond; ça me donne carrément des rushs d’adrénaline.
Je suis aussi accro au plaisir intense d’écrire des mots vulgaires et de tenir des propos scandaleux. Enfant, j’adorais écrire «caca» et «pénis» à répétition, ça me plongeait dans un état de félicité pas possible. Plus tard, j’utilisais à la sauvette la grosse machine à écrire IBM de ma mère qui avait une grosse boule qui se faisait aller à toute vitesse pour écrire des historiettes érotiques d’une naïveté et d’une ignorance crasse du sujet traité, mais qui m’excitaient terriblement. Il ne fallait toutefois pas que je me relise, parce que la magie se dissipait instantanément; je me contentais de déchirer la page en minuscules morceaux avant de la jeter à la corbeille. Quand le web est arrivé, je me suis mise à publier mes petites histoires de rien du tout juste pour le plaisir de choquer et d’exciter; the rest is History, comme le disent les chinois.
«Mais la douleur, dans tout ça?», me demandez-vous. Elle ne vient que lorsque j’ai à me relire, à me corriger. C’est là que le doute arrive, le doute cruel qui ronge de l’intérieur, celui qui tue toute forme de plaisir. Ne vous demandez pas pourquoi les textes des premières années des Carnet d’Anne Archet avait cet aspect brouillon de débraillé; je ne voulais pas sacrifier une seule seconde de plaisir.
On ne se refait pas: je suis une voluptueuse, une jouisseuse. Il n’y a qu’une autre émotion qui me tienne en vie: la colère et l’indignation.

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