Ton beau-frère et toi
Vous vous êtes faits cocus
Mutuellement.

Je n’y avais pas pensé en écrivant ce senryū, mais il me fait penser à une des scènes décrites par José Pierre dans son roman Qu’est-ce que Thérèse? C’est les marronniers en fleurs (1985), où deux frères s’échangent leurs partenaires pendant une partie carrée.

Extrait:
Toujours est-il que c’est Philippe, ce soir-là, qui prit l’initiative érotique dont la responsabilité revenait d’ordinaire à Thérèse. Il proposa ni plus ni moins une partie carrée, à cette nuance près que lui et moi nous devions d’abord faire l’amour normalement avec notre « épouse » légitime et ensuite sodomiser l’« épouse » de l’autre. Il y eut un petit moment de désarroi, je dirais presque de consternation, jusqu’à ce que Thérèse décide de relever le gant. Ce qui me frappait dans la proposition de mon frère, comme ne une sorte d’évidence, c’était moins le scabreux qui la caractérisait que la sorte de revanche, déguisée mais certaine, qu’elle représentait par rapport à cette de nuit de V…-le-Château où il s’était vu contraint de partager Thérèse avec moi. Il m’offrait l’occasion de sodomiser à nouveau Thérèse en sa présence, mais en me faisant payer très cher cette tolérance ! Cependant, lui, à V…-le-Château, n’avait pas rechigné. Je ne rechignai donc pas.
Nous nous déshabillâmes et nous commençâmes à faire l’amour sur la moquette du salon agrémentée de quelques coussins, lui avec Thérèse, moi avec Florence. Il y avait un peu de tristesse dans le regard de Florence lorsque je la pris dans mes bras. Je m’efforçai sans mot dire de lui prouver que rien n’était changé entre nous et bientôt elle se laissa emporter par la griserie charnelle jusqu’à paraître oublier ce qui l’avait chagrinée un instant. Une curieuse compétition s’établit alors entre Philippe et moi, où il s’agissait moins de l’emporter qu’au contraire de parvenir en même temps au but. Cela ne fit, comme bien on Pense, qu’aiguiser l’aiguillon de la sensualité et en effet nous parvînmes à la jouissance sensiblement à la même seconde. A peine avions-nous, lui et moi, relâché notre étreinte que Thérèse et Florence, comme si elles s’étaient donné le mot, nous repoussaient et, se précipitant l’une sur l’autre, tête-bêche, se léchaient réciproquement le sexe, absorbant goulûment chacune le foutre éjaculé par l’amant de l’autre. Cette innovation, du genre aggravant, était trop typiquement « thérésienne » pour que nous eussions besoin de nous interroger sur ses origines. Frustrée au départ de l’initiative érotique, Thérèse était parvenue à la reprendre en cours de route au prix d’une surenchère à laquelle, vraisemblablement, Philippe n’aurait même pas songé. En effet, sodomiser une femme qui venait déjà de dévorer votre sperme dans le sexe d’une autre femme, c’était se situer plutôt dans l’ordre descendant que dans l’ordre ascendant, ceci d’un point de vue d’esthétique érotique où l’invention serait censée normalement l’emporter sur la routine.
Néanmoins, nous arrachâmes, bien qu’un peu tardivement, les deux filles l’une à l’autre afin d’accomplir la deuxième partie du programme. La petite diversion apportée par Thérèse au déroulement de la fête nous avait tous émoustillés et c’est sans effort que, pour ma part, j’enculai ma belle-sœur (il est étrange que cette expression vienne pour la première fois sous ma plume ; mais la voici et je la garde). Le plus étonné, ce fut Philippe lorsqu’il entendit Florence chanter à pleine voix la complainte de la sodomisée. Il avait dû déjà en percevoir des échos lointains, mais c’était la première fois qu’il pouvait l’écouter et l’apprécier dans ses moindres nuances. Il est vrai que c’était aussi la première fois qu’il faisait l’amour avec Florence.

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