Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Six-cent-trente-sixième goutte

Je ne peux pas croire
Qu’ils aient fait un film avec
Histoire de l’œil.  

Histoire de l’œil de Georges Bataille est un roman dont les excès sont si intenses qu’on se demande comment quelqu’un a pu avoir l’idée saugrenue de tenter de le porter à l’écran. Laissez-moi vous résumer l’histoire, vous allez comprendre.

Un garçon anonyme à la fin de son adolescence entame une étrange relation sexuelle avec sa cousine éloignée, Simone, lorsqu’elle répond au défi du narrateur de placer ses fesses nues dans la soucoupe de lait d’un chat. Simone et le narrateur assouvissent leur désir érotique sur une falaise devant sa villa, en associant leur amie Marcelle à leurs activités ; ils se révèlent bientôt exhibitionnistes, allant jusqu’à avoir des rapports sexuels sous les yeux de la mère veuve de Simone. À un moment donné, Simone développe un fétichisme pour l’insertion d’œufs à la coque dans son vagin et son anus. Le couple participe à une orgie sadomasochiste avec d’autres adolescents, qui se termine par une dépression mentale de Marcelle. Le narrateur s’enfuit de chez lui et s’installe chez Simone après avoir volé l’argent et le pistolet de son père. Marcelle, quant à elle, est admise dans un hôpital psychiatrique.

Simone et le narrateur font sortir Marcelle de l’hôpital, mais lorsqu’elle reconnaît une armoire dans laquelle elle s’était cachée pendant l’orgie, elle se pend dans une crise psychotique. Le couple finit par avoir des rapports sexuels devant le corps sans vie de leur amie. Pour échapper aux conséquences juridiques du suicide de Marcelle, le couple s’enfuit et se réfugie en Espagne. Ils rencontrent l’aristocrate anglais dépravé Sir Edmund, qui s’accommode volontiers de leur mode de vie. Edmund parle à Simone de la tradition dans l’aristocratie de manger les testicules d’un taureau récemment tué en regardant la corrida, et Simone exige que les testicules crus d’un taureau lui soient donnés lorsqu’ils regardent le célèbre matador El Granero. Alors que Granero est empalé par un taureau et que son œil droit est arraché de son orbite, Simone introduit l’un des testicules crus dans son vagin et a un orgasme au moment même où El Granero meurt.

Ils visitent tous les trois une basilique catholique, où Simone séduit un beau prêtre en se masturbant pendant qu’elle se confesse à l’intérieur du confessionnal. Sir Edmund entreprend avec enthousiasme une parodie blasphématoire de l’Eucharistie catholique impliquant la profanation du pain et du vin en utilisant l’urine et le sperme du prêtre ; Simone étrangle le prêtre à mort pendant son dernier orgasme. Simone enlève l’œil droit du prêtre et l’insère dans son vagin tout en continuant sa relation sexuelle avec le narrateur. Le trio échappe à l’enquête sur le meurtre du prêtre et se dirige vers l’Andalousie, où ils achètent un yacht pour poursuivre leur débauche sur le sol africain.

Vous voyez? On ne sait plus si on a affaire à une histoire de sexe ou d’horreur. Pourtant, le réalisateur Patrick Longchamps en a fait un drame fantastique intitulé Simona en 1971. Le film fut sorti en 1974.

Voici le résumé que Wikipedia en fait:

Simona (Laura Antonelli) assiste à une corrida en Espagne. Elle se souvient de ses expériences érotiques torrides avec Georges, en Belgique. Un jour, les deux amants avaient rencontré Marcelle (Margot Margaret), qui vivait dans la maison de son père, un embaumeur expert (Patrick Magee). Marcelle est jeune et belle, et elle a déjà eu des expériences sexuelles avec son oncle (Raf Vallone). Simona et Georges tentent de libérer Marcelle, avec même des relations sexuelles à trois. Mais l’histoire se terminera dans un bain de sang. On revoit Simona à nouveau dans la scène finale de la corrida : le taureau est tué et traîné hors de l’arène alors que dans la villa de Georges tous les animaux empaillés reviennent à la vie et s’enfuient.

Évidemment qu’il n’aurait pas pu porter intégralement le roman à l’écran, ni à cette époque, ni dans la nôtre. Certains films méritent de rester cantonnés à notre cinéma mental – et Histoire de l’œil en fait sans conteste partie.

Participez à la discussion !

En savoir plus sur Mille gouttes opalines

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture