Un vit écarlate
Enduit de lube et de merde
Qui sort de mon cul. 

Internet n’est plus ce qu’il était. Je ne sais pas si vous êtes allé·es récemment sur Google, mais c’est de plus en plus difficile d’avoir accès à des résultats de recherche pertinents, tant que la page est encombrée de pub, de liens sponsorisés et autres nuisances.

Ça me rend très nostalgique de l’époque où le google bombing militant était encore possible. Cette pratique consiste (consistait?) à faire en sorte qu’un site web soit bien classé dans les résultats des moteurs de recherche pour des termes de recherche non pertinents, sans rapport ou hors sujet, en établissant de nombreux liens sur différents sites. Parfois à la blague, souvent comme un geste politique.

C’est ce qui était arrivé au sénateur républicain Rick Santorum après avoir fait des déclarations publiques outrageusement homophobes en avril 2003 (propos que je ne reprendrai pas ici, parce que hého, han, quand même).

Quelques jours plus tard, dans une tribune du New York Times, le courriériste du cœur Dan Savage a réagi aux commentaires de Santorum, estimant qu’il s’agissait d’un appel manifeste des Républicains aux électeurs homophobes. Un lecteur de la chronique de Savage, Savage Love, a par la suite suggéré un concours pour créer une nouvelle définition de santorum, employé comme un nom propre. Savage a accepté en écrivant en mai 2003 qu’il n’y avait pas de meilleure façon de souligner les propos scandaleux de Santorum qu’en attachant son nom à un acte sexuel qui ferait tomber ses grandes dents blanches de sa grande tête vide. Après avoir reçu 3 000 suggestions, il a annoncé que le gagnant était «mélange mousseux de lubrifiant et de matière fécale qui est parfois le sous-produit du sexe anal» – d’où le lien avec le senryū du jour.

Savage créa ensuite le site web spreadingsantorum.com pour faire connaître le terme. Il présentait la définition sur une tache marron éclaboussée sur une page par ailleurs blanche. (Le site n’est plus en ligne et le lien que je vous ai donné pointe vers une version archivée.)

Lorsque des milliers de bloggeurs et de bloggeuses (ça existait encore à l’époque) se sont mis à publier des liens vers ce site,il s’est mis à apparaître en tête d’une recherche Google sur le nom de Santorum, avant le site officiel du politicien.

En mai 2010, Savage a proposé de retirer le site si Santorum faisait un don de 5 millions de dollars à Freedom to Marry, un groupe de défense du mariage entre personnes de même sexe – ce qu’il ne fit évidemment pas – et le problème de référencement continua de hanter le politicien jusqu’à sa course ratée à l’investiture présidentielle de 2012.

À demain pour un autre tercet obscène.

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