Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Cinq-cent-dixième goutte

Tu as la couleur
Du désir, de l’euphorie
Et de l’infini.  

Hey ! Aujourd’hui est Stonewall Day ! Woot-woot !

Le 28 juin 1968, la foule comptait environ 200 personnes devant le Stonewall Inn de New York. Il ne s’agissait pas de manifestants, mais surtout de clients de l’établissement, un bar gay populaire de Greenwich Village. Les problèmes ont commencé lorsque la police est arrivée aux petites heures pour faire une descente dans cette taverne tenue par la mafia sur la base d’une accusation de licence d’alcool inventée de toutes pièces. Les agents ont commencé à pousser les clients et les travailleurs dans les véhicules de police. Mais au lieu de se disperser comme ils l’avaient fait lors de descentes de routine, ceux qui n’avaient pas été pris ont commencé à acclamer ceux qui l’avaient été.

La foule des badauds a grossi à mesure que les touristes et les habitants du quartier s’arrêtaient pour voir ce qui se passait. Selon de nombreux témoignages, une lesbienne qui luttait contre les tentatives de la faire monter dans une voiture de police s’est alors écriée : «Pourquoi ne faites-vous pas quelque chose ?» L’air s’est chargé de chants, de bouteilles et de briques. Les policiers se sont barricadés dans le bar et ont demandé des renforts par radio alors qu’une émeute se déclenchait. D’autres manifestations violentes ont secoué le quartier les jours suivants.

Il y avait déjà eu des émeutes aux États-Unis impliquant des personnes gays, lesbiennes, bisexuelles et transgenre excédées par le harcèlement habituel, mais Stonewall, qui a éclaté au milieu des protestations contre la guerre du Viêtnam, les droits civils et l’égalité des genres, a marqué une rupture décisive avec les politiques plus passives de l’époque en matière d’orientation sexuelle.

On doit le répéter parce que l’histoire a tendance à effacer le radicalisme des moyens d’action après qu’une cause ait obtenu un certain succès. Stonewall était une émeute, c’était de l’action directe. C’était comme les féministes radicales qui envahissaient le concours de Miss America ou les Black Panthers qui se tenaient devant l’hôtel de ville d’Oakland avec des fusils – et cela allait complètement à l’encontre de l’approche de groupes tels que la Mattachine Society, l’une des premières organisations de défense des droits des homosexuels du pays, qui préférait faire pression pour obtenir des changements par les voies juridiques et politiques. Peu de temps après le raid de Stonewall, un message est apparu sur la fenêtre barricadée du bar, plaidant pour le retour d’une «conduite paisible et tranquille dans les rues du village». Il était signé «Mattachine». Ce qui est étonnant, c’est qu’ils n’auraient jamais eu l’idée de faire quelque chose de public comme ça auparavant. Du jour au lendemain, Mattachine a été contraint de faire une annonce publique avec un graffiti.

Vous allez dire que je prêche pour ma paroisse, mais la diversité des tactiques, c’est efficace – et c’est même la seule façon d’espérer faire des gains. Si vous êtes raisonnable et réformiste, n’oubliez jamais que votre cause n’irait nulle part si les autorités que vous pétitionnez gentiment n’avaient pas une peur bleue que les choses dégénèrent.

Terminons avec un brin de sagesse populaire:

À demain pour un autre tercet obscène.

Si l’envie vous prend d’appuyer financièrement ce projet, n’hésitez surtout pas à le faire!

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