Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Cinq-cent-neuvième goutte

Après analyse
Du dossier je t’octroie un
Permis de baiser.  

Depuis que j’ai l’âge de m’intéresser à l’étymologie (donc aussi de puis j’ai l’âge de baiser), je me demande quelle est l’origine du mot fuck. La version la plus populaire concerne littéralement un permis de baiser: l’histoire voudrait que ce terme vienne de l’époque où le sexe était interdit à moins d’être explicitement autorisé par le roi, de sorte que les personnes qui baisaient légalement portaient sur leur porte l’inscription «Fornication Under Consent of the King» (Fornication sous le consentement du roi), donc, F.U.C.K.

Évidemment, c’est faux – et c’est bien dommage, parce que cette histoire de contrat me fait encore bien rigoler.

Les occurrences de fuck avant le XVe siècle sont rares. Bien qu’il soit généralement classé parmi les mots anglo-saxons obscènes, Jesse Sheidlower soupçonne qu’il soit entré dans la langue anglaise au XVe siècle à partir de quelque chose comme le bas-allemand, le frison ou le hollandais. Si «fuck» existait en anglais avant cette date, il n’a jamais été utilisé pour signifier baiser, mais plutôt pour signifier «frapper» (ce qui était, il y a bien longtemps, lié au mot qui est devenu fuck parce qu’il s’agit d’une façcon d’entrer en collision…). Tout ce qui apparaît plus tôt est très probablement l’utilisation de fuck pour signifier «frapper»;si vous vouliez parler grossièrement de relations sexuelles, le mot moyen anglais à utiliser était plutôt swive.

Une autre théorie expliquant pourquoi il n’existe pratiquement aucune trace écrite de la baise avant le 15e siècle est que, si elle existait avant cette date, elle était tout simplement trop grossière pour être écrite.

Une autre théorie pour expliquer son arrivée tardive est qu’il s’agit d’un emprunt au norrois (les Vikings) via l’écossais, car plusieurs exemples anciens ont été trouvés dans des écrits écossais (comme celui du XVe siècle mentionné dans cet autre article). Cependant, cette hypothèse est généralement considérée comme peu probable, notamment parce que les Écossais n’étaient pas considérés comme suffisamment influents pour que l’anglais leur emprunte des mots. Peut-être y a-t-il plus d’exemples écrits en écossais tout simplement parce que les Écossais étaient moins pudiques à ce sujet.

À demain pour un autre tercet obscène.

Si l’envie vous prend d’appuyer financièrement ce projet, n’hésitez surtout pas à le faire!

Vous désabonner

Participez à la discussion !

En savoir plus sur Mille gouttes opalines

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture