Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Quatre-cent-quatre-vingt-unième goutte

Au parc Forillon
Hors des sentiers balisés
Tu m’as enculée.

En 2022, Benjamin Leclercq s’est posé la question suivante dans le magazine Usbek & Rica :

Pour beaucoup de gens, les rencontres sexuelles dans les parcs sont une alternative presque militante aux apps de rencontre. Extraits:

Parce qu’il fait dérailler les scripts sexuels habituels, faut-il dès lors considérer le cruising comme un espace de résistance ? « On peut le considérer comme l’une des rares pratiques où l’utopie de la liberté sexuelle semble encore possible », veut croire Mark W. Turner, citant Walt Whitman, le poète américain du XIXe siècle pour qui « ce contact entre étrangers offre une possibilité radicale d’une autre forme de relation aux autres ». Certains théoriciens y voient d’ailleurs l’expression d’une « hospitalité radicale » qui consiste à accueillir l’inconnu en soi, au sens propre.

Résistance, aussi, à la technologie. Le plus souvent, le cruising se vit sans smartphone. « En termes de désir, le flux d’informations à gérer est minimal, dit Laurent Gaissad. On est là, avec nos corps, et c’est tout. Émerge alors quelque chose de plus archaïque, d’atavique. Un mode de rencontre rudimentaire, démédiatisé, où le langage non verbal et la corporéité reprennent le dessus.» Le cruising a ceci d’attirant qu’il contredit la société de surveillance, le maintien de l’ordre, la gentrification des villes ou encore la logique de marché. C’est un point de fuite.

À demain pour un autre tercet obscène.

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