Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Trois-cent-quatre-vingt-dixième goutte

J’ai un maître-queux
Qui sait apprêter ma chair
Attendrie, farcie. 

Tiens… ça me donne envie de vous partager un de mes vieux textes, publié dans feu le magazine FA.

Rarebit

J’étais jeune fille au pair à Londres quand le maître de maison m’a appris à faire le rarebit. Jamais n’en oublierai-je la recette…

Assurez-vous que la maîtresse de la maison a commencé à siroter son martini dans le living avant d’aller discrètement rejoindre monsieur dans la cuisine. Demandez-lui d’un air ingénu si on doit dire rarebit ou rabbit, uniquement pour lui donner la chance de répondre « No, it’s raide bite » et pour vous donner la chance d’entendre la cascade cristalline de son rire. Assurez-vous de bien lui exposer vos fesses lorsque vous fouillez dans le frigo; tortiller du popotin au besoin, pour lui échauffer graduellement les sens. Dans un poêlon de fonte, faites fondre une noix de beurre et léchez l’oreille de monsieur. Mieux encore, faites-en fondre deux et mordillez-lui le cou.

Mélangez un peu de farine et de moutarde en poudre, au goût. Ajoutez une tasse et demie de bière — ale ou lager, selon les préférences du maître. Faites mijoter dix minutes en brassant le mélange et en embrassant monsieur. Ne cédez pas à la tentation et à la passion du moment, car la bière risque de s’évaporer complètement, ce qui fera roussir le mélange et gâtera la sauce. Râpez une livre et demie de cheddar fort, un peu de raifort et une gousse d’ail. N’hésitez pas à tirer légèrement la langue pendant l’opération, en signe de concentration; l’effet sur le membre viril du maître n’en sera que magnifié. Pour agacer monsieur, mettez une pincée de raifort sur le bout de votre langue, léchez ses lèvres et pincez le bout de sa queue à travers son pantalon de tweed.

Tranchez et faites griller deux tranches de pain de seigle, puis murmurez à l’oreille de monsieur que cette miche fraîchement sortie du four a le même parfum qu’une nuit d’amour. Demandez-lui s’il aurait envie, comme la nuit dernière, d’enfouir son nez dans les plis broussailleux de votre chatte. Chuchotez-lui à l’oreille que vous mouillez pour lui, que votre culotte est imbibée de cyprine. Lorsqu’il sera à point, ouvrez sa braguette et partez à la recherche de son pieu, que vous extirperez de son caleçon. N’astiquez pas son organe tant qu’il ne vous aura pas supplié de vous exécuter. Faites-le languir. Laissez-le placer lui-même une tranche de pain grillé dans chaque assiette pendant que vous vous laissez glisser lentement contre son corps. À genoux sur le carrelage, faites courir votre langue le long de son pénis, taquinez-lui le frein et remontez jusqu’au méat, puis tétez-le vigoureusement pendant qu’il s’efforce de ne pas se brûler sur le grille-pain et qu’il vous supplie de ne pas arrêter. Faites varier le rythme, car maintenant, la maîtresse, c’est vous. Jouez à loisir avec ses sens, faites-le trembler, faites-le suffoquer… Décidez en «maîtresse-queue» du moment de la délivrance. Laissez couler son foutre dans votre gorge, et garnissez le pain grillé de quartiers de pomme verte et de noix de Grenoble.

Rajustez-vous en catastrophe et cachez-vous derrière le comptoir. Épiez monsieur pendant qu’il embrasse madame et lui sert ce que vous avez préparé. Oubliez la tension désagréable qui s’insinue entre vos cuisses lorsqu’ils se demandent s’il faut dire rarebit ou rabbit. Car vous savez trop bien que pour vous, ce soir, ce sera « rare bite ».

À demain pour un autre tercet obscène.

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