Livre glacial :
La Vie sexuelle de
Catherine M.

Ce qui est particulier avec l’œuvre de Catherine Millet, c’est que son livre le plus célèbre est un livre érotique, mais que ce livre est plus froid et plus mécanique – et à la limite moins érotique – que l’autofiction qu’elle a fait paraître sept ans plus tard intitulée Jour de souffrance.

Dans La vie sexuelle, son succès de librairie qui l’a fait connaître du grand public, Millet a un regard clinique et très détaché sur sa vie de partouzeuse. Elle s’intéresse aux lieux de débauche, au nombre de partenaires, aux positions – bref, aux arrangements des corps, mais d’une façon très détachée, comme une observatrice extérieure qui a la responsabilité de rédiger un procès verbal judiciaire avec une froide objectivité.
Paru sept ans après, Jour de souffrance adopte un style tout aussi minutieux, mais on la sent beaucoup plus investie, puis qu’elle dissèque les détails d’une phase de jalousie aiguë déclenchée par la découverte que son mari Jacques Henric la trompait avec d’autres. Les habituels vagabondages oniriques – qui, dans d’autres circonstances, avaient excité les désirs de pluralité sexuelle de la narratrice – la poussent maintenant à fantasmer sur les infidélités de Jacques, bouleversant très sérieusement sa vie.
Quand ces deux livres sont mis en parallèle, on voit illustrés deux aspects contradictoires du mode de vie dit libertin. On peut s’adonner à une sexualité non-monogame et avoir des partenaires multiples sans sentiment de culpabilité; mais en définitive ces pratiques n’excluent aucunement le sentiment de jalousie envers un partenaire infidèle – que sa monogamie soit éthique ou non.
La psyché humaine est complexe et c’est ce qui est illustré par l’œuvre de Catherine Millet.

In other news: ceci est la 365e goutte, ce qui veut dire que la liste de diffusion a officiellement un an ! Je vous encourage à fêter l’événement en en parlant à vos proches, vos ami·es, vos amant·es, vos partenaires d’électrocution érotique et même à monsieur le curé. Nous avons dépassé le cap des 600 abonné·es et ce serait marvoulousse si nous pouvions atteindre le chiffre magique de 1000 pendant la prochaine année – ça irait tellement bien avec le titre.
Merci à vous toustes, fidèles lecteurs et lectrices, qui déballez chaque jour ces gouttes – probablement pas à quatre heures du matin, du moins, je l’espère pour vous. Au programme de la prochaine année de Mille gouttes opalines : trois-cent-soixante-cinq autres senryūs érotiques, tout plein d’illustrations coquines et des amazing facts sexuels à la pelle. Nous allons bien nous amuser, promis.

À demain pour un autre tercet obscène.
Si l’envie vous prend d’appuyer financièrement ce projet, n’hésitez surtout pas à le faire!


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