Elle met un gode
Dans son pantalon avant
D’aller au bureau.

Je vous ai soumis hier un de mes photomontages à la con; aussi bien poursuivre avec un de mes vieux textes sur le thème du jour (du moins, au début).
Mon voyage en Amérique profonde
(Récit en six épisodes)
Une journée brûlante de juillet, assise avec Deirdre au zinc du 650 North Restaurant & Bar, dans le quartier des affaires de Dallas.
— Ça ne doit pas être facile tous les jours.
— It’s a man’s world, honey. Once you realize this simple fact, you can deal with it.
— Et quel est ton fameux truc pour franchir à tout coup le plafond de verre ?
— It’s simple, Anne. Après quelques mois, je me suis mise à porter un gros phallus de plastique sous mes vêtements. You know the kind… the thick-veined and purple one that straps on from underneath… Ainsi, quand dans les business meetings les boys ferment les portes et baissent leurs pantalons pour comparer leur manhood, je peux les rejoindre en leur montrant mon propre engin… proudly bobbing and gleaming with the best of them.

À l’étage, baisant méthodiquement et profondément la maîtresse de maison avec mon Stinger™ Strapon Scorpion® Red Jelly™ Dildo sur son Simmons Beautyrest World Class Exceptionale™ Coil on Coil Queen Size Mattress, pendant qu’au rez-de-chaussée son mari, allongé dans son La-Z-boy® Ashston™ Reclina-rocker™ Chair,ronflait au son des pubs de la mi-temps que claironnait son Sony® Widescreen FD Trinitron® WEGA® HDTVTM tout neuf.

Une journée fraîche de juin à Kokomo, Indiana.
— Mais qu’est-ce qu’il fait sur son poteau, ce cul-terreux ?
— Nothing, dear. He’s just sitting on a pole.
— Et pourquoi fait-il cela, au juste ?
— I don’t know, Anne.
— Et ça fait longtemps qu’il est juché là-haut ?
— Je crois qu’il est là depuis une centaine de jours. Wants to break a record of some sorts.
— Retournons au motel. J’ai envie de briser un tout autre genre de record… lui répondis-je avec un sourire narquois.
Sur le sol de la chambre, je chevauchai avec vigueur mon étalon de l’Indiana en contemplant l’expression béate de son visage, similaire à celle que ses compatriotes arborent lors des feux d’artifice du quatre juillet. Il succomba à mes assauts après quelques minutes, non sans crier quelques passages confus de l’adresse à Gettysburg.
— Cent jours ? lui dis-je en redescendant de son poteau. Pourquoi perdre tout ce temps alors que c’est bien plus agréable de faire la même chose en seulement dix minutes !
— Maybe your right, darling, me dit mon bel Amerloque en retirant son condom, mais tu n’étais pas quatre-vingt-dix pieds dans les airs.
— Baby, lui dis-je en caressant sa joue, I was a lot higher.

Une douce nuit de septembre dans un loft du quartier Red Hook de Brooklyn.
— So, Anne, how do you want it this evening ? me demanda-t-il en rangeant ses pinceaux.
Pour toute réponse, je relevai ma jupe et, dans d’un air bravache, lui montrai mes fesses en tirant la langue. Loin d’être décontenancé, il s’approcha, me fit basculer sur le lit, puis réussit à me retirer ma culotte malgré ma résistance farouche et rigolarde.
— Do you want it tender… ?
Il embrassa délicatement mon pubis, puis chatouilla mes grandes lèvres de sa langue pendant que ses doigts tachés d’acrylique se baladaient sur mes hanches. Il me retourna ensuite et m’arracha quelques soupirs en me massant les fesses avec art.
— … or tenderized… ?
Il m’asséna alors sur la fesse gauche une claque vigoureuse qui me coupa littéralement le souffle. La tête contre le matelas, aussi rouge et échauffée que mon popotin que je gigotai sous son nez, je lui répondis :
— Voilà tout ce que j’ai à te tendre. Je suis attendrie – à toi de choisir.

Une soirée fraîche d’octobre au Greenwich Village Bistro de New York.
Il avait vingt minutes de retard. Trente-huit, en comptant le temps passé à poireauter à l’entrée. Je retouchai mon maquillage, griffonnai vaguement dans mon carnet de notes. Je déteste attendre. Pour passer le temps, j’écoutai les conversations de mes voisins de table – mon passe-temps habituel de chipie cynique et désabusée.
Il y avait deux femmes assises près de moi. Leurs têtes se touchaient presque, leurs corps adoptant la position de celles qui partagent les plus intimes confidences. La première était brune et magnifique, dans la cinquantaine, très grande dame sophistiquée. La seconde, blonde et plus jeune, était plus terne, plus négligée, un brin agitée.
— Listen, dit l’ainée, I used to go to happy hour every day. Then my one happy hour stretched to two, then three. Then I found I was still happy at four in the morning and drinking during the day to stay happy. It just got to be… happy all the time.
Elle fixa longuement sa compagne, probablement pour s’assurer qu’elle avait bien compris. La blonde hocha la tête en mordant sa lèvre inférieure.
— No one can be happy all the time, conclua-t-elle.
Je contemplai mon assiette vide en pensant aux deux dernières semaines avec Andrew. D’abord la première rencontre, un dîner le lendemain, puis une première baise. Ensuite, ce fut le cortège des orgasmes aveuglants, ce fut mon corps incontrôlé rougissant à sa vue du front aux orteils. Ligotée, attachée, bâillonnée, ouverte, offerte, fustigée, léchée, pénétrée. Je revis la tête des passants qui nous surprirent faisant soixante-neuf dans les buissons d’un parc du centre-ville et celle des flics venus nous passer les menottes pour avoir troublé l’ordre public. Je frissonnai en me remémorant les séances de Phone sex pendant qu’il était au bureau, celles de real sex dans son bureau alors que ses clients attendaient, les crises de fou rire alors qu’il se fit renvoyer, son foutre coulant lentement sur ma cuisse alors que nous courions pour aller célébrer sa mise à pied en copulant frénétiquement dans les toilettes de son sports bar favori.
Mes deux voisines de table se mirent à réciter la Serenity Prayer des Alcooliques anonymes, ce qui mit fin brusquement à mes rêveries :
« … That I may be reasonably happy in this life and supremely happy with Him Forever in the next… »
Je me levai et quittai le restaurant. Sur le trottoir, je vis Andrew qui approchait. « Ces femmes ne comprennent rien à rien sur ce que c’est que d’être happy all the time » me dis-je en lui ouvrant les bras.

Vendredi soir, après une dure journée au travail et une heure de bouchon sur l’autoroute, dans un chic motel en banlieue de Chicago, Michigan.
Je m’écrasai sur le fauteuil, zappai quelques secondes, m’arrêtai sur Fox News et me préparai enfin à relaxer un peu. En manchette: un lutteur professionnel tue sa femme et ses enfants avant de s’enlever la vie. Deux élèves d’une école secondaire du Dakota du Nord abattent treize de leurs camarades et trois agents de police avant de retourner leurs armes contre eux-mêmes.
« Mais dans quel monde vivons-nous? » grommelai-je. J’éteignis le téléviseur et attrapai le journal.
En une: Quatorze marines et deux cent trente Iraqiens morts lors d’une attaque-surprise. Un père en tue un autre pendant le match de hockey de leurs fils de huit ans. Page deux: une mère se noie avec ses trois enfants. Le président rend hommage aux soldats sacrifiés pour la patrie et déclare que la guerre doit se poursuivre coûte que coûte.
Hochant la tête de dépit, je lançai le journal dans le bac à recyclage et soupirai ; le monde serait-il devenu complètement fou?
Après quelques lamentations, je décidai de me tourner vers quelque chose de plus léger. Sur HBO, il y avait une série policière : deux meurtres, du sang, des funérailles, de la haine, des blagues idiotes. Sur Showtime, il y avait un film d’horreur où un gaillard cagoulé débitait en rondelles une famille de suburbanites avec sa tronçonneuse.
Après avoir fait les cent pas dans son living room, je pris mon exemplaire de The Pearl. Bien calée dans le fauteuil, je feuilletai un peu le bouquin, retrouvant grâce à sa reliure fendue mon passage préféré. Puis, comme à mon habitude, je caressai de ma main droite un de mes seins, jouai avec le téton jusqu’à le faire dresser, puis recommençai la même manoeuvre sur l’autre. Je pétris ensuite mes seins à pleine main, tirant sur leurs pointes durcies. Je laissai ensuite sa main descendre lentement sur mon ventre et la fit glisser sous l’élastique de ma culotte jusqu’à ma chatte, que je trouvai moins humide qu’à l’habitude. Mon index s’attarda sur mon clitoris, pour le faire gonfler; je le fis rouler sous mes doigts, jusqu’à ce qu’il se dresse, se durcisse. Je le caressai doucement, le fit tourner entre mes doigts,jusqu’à ce que je ressente le frisson familier.
Étrangement, je ne tirai aucun soulagement de cette petite séance qui pourtant suffit habituellement à me rasséréner.
Je me levai, extirpai ma panoplie masturbatoire de ma valise et étalai mes outils sur son lit: un Doc Johnson Studed Sunrise, un Vivaldi Lady Pulsating Finger, un long Slimline G Spot Electro-Stimulator, un gros Eclipse Ultra Dolphitronic 2000 et un petit Pink Jelly Anal Picket Blaster. Je me déshabillai et, après avoir méticuleusement plié mes vêtements, me couchai près de mes appareils. J’en choisis un de taille raisonnable et fit passer la pointe de plastique sur le bout de mes seins dressés, le lécha un peu puis, doucement, je l’enfonçai entre mes cuisses. J’agitai ensuite mon poignet en faisant varier le rythme. Après quelques minutes, je changeai de modèle pour en prendre un plus gros après avoir humé et léché celui qui venait de sortir, tout tiède et tout mouillé, de mon entrecuisse. Après quelques va-et-vient peu convaincants, je décidai de jouer le tout pour le tout; je tâtonnai les draps à la recherche du bon calibre puis, une main passée dans le dos et l’autre collée au bas du ventre, elle entreprit de me baiser et de me sodomiser en ondulant frénétiquement du bassin.
Hélas, toujours aucun soulagement. Étendue immobile dans sa chambre, j’écoutai le vibromasseur ronronner doucement du fond de mes entrailles. Agacée, je me levai, essuyai minutieusement ma quincaillerie, me rhabillai, ramassai mes clés puis sortis. Il me fallait un engin beaucoup, beaucoup, beaucoup plus performant.
Les doigts crispés sur le volant, je roulai jusqu’au shopping mall. À la radio, la speakrine annonçait sur un ton posé et impersonnel la découverte de trente cadavres en Afghanistan. Je me garai en double file, entrai chez Henry’s Sporting Goods et, d’une voix vacillante, dis au commis:
— J’ai besoin d’un revolver, quelque chose de léger, qu’une dame pourrait utiliser.

À demain pour un autre tercet obscène.
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