Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Deux-cent-quarantième goutte

Comme Wanda dans
La Vénus à la fourrure
Tu me veux cruelle.

Dans La Vénus à la fourrureLeopold von Sacher-Masoch raconte l’histoire d’un homme, Severin von Kusiemski, qui s’est entiché d’une femme, Wanda von Dunajew, au point de demander à devenir son esclave et de l’encourager à le traiter de manière de plus en plus dégradante. Au début, Wanda ne comprend pas la demande de Séverin, mais après avoir cédé avec un peu de réticence à ses désirs, elle finit par y trouver des avantages et assume son rôle de Dominatrice avec enthousiasme – bien qu’en même temps elle méprise son amant de la laisser le traiter de la sorte.

Wanda von Dunajew, le personnage féminin central du roman, a été modelée sur Fanny von Pistor, une jeune écrivaine qui avait contacté Sacher-Masoch, sous le nom d’emprunt (et le titre fictif) de baronne Bogdanoff, pour lui demander des suggestions sur la façon d’améliorer son écriture afin qu’elle soit adapte à être publiée.

Sacher Masoch, à genoux devant Fannie von Pistor, fouet à la main et vêtue de fourrure.

Le couple entretenait une relation de domination/soumission, qui est illustrée par leur célèbre contrat de servitude, qui a été publié en français pour la première fois en 1938. Pour Sacher Masoch, la relation D/s est une affaire de contrat entre deux individus librement consentants, ce qui rend son association avec Sade (dans l’expression sadomasochisme) regrettable – puisque Sade n’avait que faire du consentement.

Gilles Deleuze, qui a consacré un essai à Sacher Masoch, a montré tout l’humour subversif que sous-tend le masochisme, qui ne simule la soumission à la loi morale que pour mieux s’en rendre maître et l’éluder. La personne dominante exerce sa volonté sur la personne soumise, mais c’est la personne soumise qui détermine les règles du jeu, selon une logique contractuelle que parachève la création littéraire. Le verbe préside à l’idéalisation de la chair, à sa mise en scène dans un cadre créé de toute pièces par le désir partagé.

À demain pour un autre tercet obscène.

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