Mille gouttes opalines

Un senryū érotique chaque matin, pendant mille jours

Cent-soixante-quatorzième goutte

Ikkyu nous enjoint
D’oublier le satori
Et de forniquer.

Ikkyū Sōjun (1394-1481), moine et poète, est l’une des figures les plus importantes (et les plus excentriques) de l’histoire du bouddhisme zen au Japon.

Pour les enfants japonais, il est un héros populaire, malicieux et toujours plus malin que ses professeurs et le shōgun. Outre les histoires orales transmises, cela est dû à la très populaire série télévisée d’animation Ikkyū-san, diffusée initialement à la télévision japonaise d’octobre 1975 à juin 1982 et maintes fois rediffusée.

Dans la tradition du zen Rinzai, il est à la fois hérétique et saint. Il fut l’un des rares moines zen à aborder le sujet de la sexualité dans un contexte religieux et se distingue en soutenant que l’illumination est approfondie par la participation à l’amour et au sexe, tant avec des amants, des prostituées ou par la pratique de l’homosexualité monastique. Il pensait que le sexe faisait partie de la nature humaine, et qu’il était donc plus pur que les pratiques religieuses des organisations hypocrites et les activités mondaines. En même temps, il mettait en garde le zen contre sa propre politisation bureaucratique.

La pensée d’Ikkyū est généralement considérée comme l’une des principales influences de la secte Fuke du zen Rinzai. Il est l’un des mendiants joueurs de flûte les plus célèbres de l’époque médiévale du Japon. La pièce Murasaki Reibo lui est attribuée. Comme si ce n’était pas assez, il est considéré comme l’une des grandes influences de la cérémonie du thé japonaise, et réputé comme l’un des plus grands calligraphes et artistes sumi-e du Japon médiéval.

Ikkyū écrivait en chinois classique de style Kanbun, utilisé par de nombreux auteurs japonais contemporains. Comme dans ce poème en l’honneur de Mori, son amante:

Comment ma main peut-elle être semblable à celle de Mori ?
La Confiance en soi est Le vassal, la Liberté est Le Maître.
Quand je suis malade elle soigne la tige de Jade
Et redonne de la joie à mes disciples.

(La tige de jade étant, vous l’aviez deviné, un euphémisme pour son pénis.)

À demain pour un autre tercet obscène.

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