Tu dis « abattage »
Pour éviter l’anglicisme
Pendant le gang bang.

L’abattage était une punition infligée par les souteneurs aux prostituées qui ne filaient pas droit. Il s’agissait de placer la prostituée dans les hôtels les plus sordides ou autres cabanes de chantiers pour les livrer à un grand nombre d’hommes, en proposant un tarif symbolique pour rendre la séance abordable au plus grand nombre. L’abattage était également un moyen d’exploiter les prostitués arrivant en fin de carrière et ayant perdu leurs charmes les plus vendeurs. Il existait à Paris des hôtels de passe qui étaient spécialisés dans ce commerce. Bref: de l’exploitation, purement et simplement.
Dans les rapport de soumission/Domination, on considère l’abattage comme une preuve que la soumise (ou le soumis) sont dignes de leur Maître ou de leur Maîtresse dans la mesure où ils ou elles acceptent cet acte intense. Le terme gang bang est plus couramment utilisé, parce qu’il évoque moins le caractère odieux de l’abattage.

Croyez-le ou non, mais j’ai écrit il y a fort longtemps un texte sur le sujet de la langue française au Québec et le sexe de groupe. Il a été initialement publié dans le défunt magazine FA (avec des illustrations de Thierry Labrosse) et je l’ai adapté quelques années plus tard pour un épisode de Vie de licorne que j’ai la flemme de retrouver.
Le voici, tout juste extrait de mes archives.
Bill 101
Elle s’appelait Nathalie Bouchard, mais tout le monde l’appelait Natbou, pour la différencier des huit autres Nathalie qui habitaient le même quartier qu’elle. Petite Baie-Saint-Pauloise brunette aux seins hauts perchés et à la taille gracieuse, elle s’était exilée dans la jungle montréalaise avec sa galette et son petit pot de beurre pour prendre soin de sa mère-grand souffrante d’Alzheimer et de rhumatismes aigus. Un soir où elle avait décidé de s’aventurer dans ces terres inconnues situées à l’ouest du boulevard Saint-Laurent, elle rencontra, dans un pub de la rue Peel, son grand méchant loup en la personne de William McTavish the third, graduate student rouquin et écossais du John Molson School of Business de la Concordia University. Ce fut le coup de foudre : il l’initia aux joies subtiles du cookie dipping au Beaver Club, elle lui fit découvrir tous les charmes de sa langue, si bien qu’elle se retrouva q elques mois plus tard, lawfully wedded wife, dans un superbe cottage de Enne-di-dgi, à couler des jours heureux, bilingues et biculturels avec son SUV, son chien Poochie, son hubby dearest et, every other Saturday, les nombreux poker buddies qui s’agglutinaient dans son rumpus room pour avoir a jolly good evening with the boys.
° ° °
C’était d’ailleurs un de ces fameux samedis où, exceptionnellement, les cartes avaient été délaissées au profit de délassements plus physiques. Penché contre le cadre de la porte, un single malt on the rocks à la main, Bill contemplait la scène en souriant. Nathalie, sa better half, était couchée sur le dos au sommet d’un monticule d’oreillers, les cuisses wide open et la tête renversée vers l’arrière, prête à recevoir la queue longue et mince de Steve dans son cul. De chaque côté d’elle, Mark et Andrew tétaient langoureusement chacun de ses seins, tout en relevant ses genoux bien relevés pour faciliter le ass fuck, tandis que les doigts de Trevor dessinaient des cercles et de savantes arabesques sur sa chatte. Le visage de Nathalie était écarlate et luisant se sueur; de la bouche ouverte, crispée, sortait une série de cris en staccato, entrecoupés de hoquets étouffés. Autour du lit, une dizaine de West Islanders nus zieutaient la scène et attendaient sagement leur tour en se polissant nonchalamment la trique et en échangeant propos grivois et limericks de circonstance. Commença alors une vigoureuse Saint-Georges, comme disent les Anglais : Steve gémit, égrenant le chapelet habituel fait de « Oh God ! », de « Jesus ! » et de « Fuck yeah ! », accéléra la cadence en enfonçant ses ongles dans la chair tendre de Nathalie pendant que ses trois old chums pinçaient les tétons et lissaient le clito de la pauvre enculée qui, les yeux révulsés, ne savait plus à quel saint anglican se vouer.

Nathalie fut frappée par l’orgasme lorsque Steve retira sa bite ramollie et gluante de son a-hole. Retenue fermement par Mark et Andrew, elle se tordit de plaisir avant d’aller over the top, le dos voûté, dans une longue plainte hululante.
Elle s’effondra ensuite, entraînant avec elle ses camarades de jeu pour former un tas informe de chair collante et repue.
Bill déposa son verre, s’approcha puis dégagea de son doigt les cheveux humides du front de Nathalie. « Happy birthday », lui susurra-t-il à l’oreille. « Thanks, sweetie. This is the best surprise party ever » lui répondit-elle en souriant.
° ° °
« Pee break », annonça Nathalie après avoir repris son souffle. Les corps amoncelés sur la couette se déplacèrent à contrecoeur pour lui permettre de se glisser hors du lit. Après s’être relevée de peine et de misère, elle tituba, cheveux en bataille et traits tirés, tâtonna à l’aveuglette pour retrouver ses lunettes, les poussa du doigt sur son nez, puis attrapa son better half par la manche de son cardigan. « Come with ? » lui demanda-t-elle en trottinant hors de la chambre. Ce qu’il fit, en regardant son joli cul balancer avec grâce jusqu’aux toilettes.
Assise sur la cuvette, elle sourit à la vue de son Anglo chéri.
— Wow ! C’était le fun ! dit-elle. Je n’arrive pas à croire que tu aies réussi à organiser ça. Je dois m’être fait baiser au moins une centaine de fois au cours des cinq dernières heures…
— What did you say ? demanda Bill, perplexe.
— I said that I feel like I have been fucked a hundred times, traduisit-elle comme à l’habitude.
— Well… Il ne avoir no more que un dozen de amis ici… répondit laborieusement Bill dans son franglais approximatif.
— Ça m’a paru beaucoup plus, dit Nathalie en tirant sur le rouleau de toilet paper. J’ai du sperme séché des cuisses au menton, ma mâchoire est douloureuse, mes lèvres endolories et my assis raw as hell.
— Poor thing, murmura Bill. Tu dois être fatiguée… en avoir more than enough…
Nathalie l’attrapa par la ceinture et fit glisser la fermeture de sa braguette.

— Bah… Tu sais, au Québec, on a l’habitude de se faire fourrer à répétition par des Anglais, dit-elle, malicieuse, en lui sortant le pecker du boxer brief.
— Say what?
— Nothing Bill. I just said that you will be my one-o-one, répondit-elle avant de l’agacer avec sa langue.

À demain pour un autre tercet obscène.
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